Origines du quartier Aguillon

Ce quartier qui date du début du XXème siècle doit son nom à une famille venue des Basses Alpes au début du XVII ème siècle.

César Aguillon, baptisé à Toulon en 1651 était maçon, entrepreneur et architecte à la fois. Il a participé à la construction de la Poudrière de Lagoubran, du Séminaire des aumôniers des vaisseaux devenu l’hôpital de la Marine dans la rue Jean Jaurès, adjudicataire de la halle aux poissons en 1692 (dessinée par Pierre Puget).

Parmi ses nombreux enfants, retenons Pierre François César né en 1696 qui fut lui aussi architecte, trésorier provincial de l’Artillerie et du Génie, adjudicataire de la construction de quatre vaisseaux et d’une frégate en 1744, trésorier de la ville de Toulon en 1753 et en 1766, adjudicataire de la construction de l’église Saint Louis. Il a acheté en 1781 un domaine dit de l’Eygoutier avec sa bastide, son plan d’eau ses vignes, prés aires de battage, oliveraies… dans la campagne hors les murs de la ville de Toulon situé entre les marais de la Rode, le Chemin des Ameniers qui deviendra l’avenue François Nardi et le chemin de Toulon à Hyères qui deviendra l’avenue de la résistance.

De sa descendance, retenons Alexandre qui deviendra député du Var en 1824 et qui donnera son nom au Boulevard Aguillon bien petit de nos jours mais qui devait englober d’autres rues en son temps comme Sergent Guerini, Gay-Lussac et Mignet car le recensement de 1926 fait état de 529 habitants.

Ce dernier eu un fils, Charles François Camille Etienne Joseph – Camille car tel était son prénom usuel, devint un horticulteur renommé, spécialiste du Dalhia, membre de l’académie d’horticulture de Paris et un des artisans de l’élevage du vers à soie en créant une magnanerie dans le domaine.

Son fils Victor (commencera une carrière dans la Marine Royale puis Impériale, issu d’une des premières promotions de l’Ecole Navale en 1844, il naviguera dans des contrées lointaines, participera à la campagne d’Italie, et obtiendra le grade de Lieutenant de Vaisseau. Une blessure l’empêchera de continuer une carrière militaire qui s’annonçait brillante. Il lui sera accordé par la papauté le droit de porter le titre de Comte Romain.

A la fin du XIX ème siècle il va commencer à changer la physionomie de ce quartier connu sous le nom de l’Abattoir dans les registres officiels. Petit à petit les terres agricoles laisseront la place à des hangars, garages et habitations.

Son petit-fils, Victor Camille Valentin (1890/1964) poursuivra ces transformations. Les campagnes du plateau verront sortir des lotissements, des chemins puis des routes seront aménagées. La voie ferrée du Macaron (le train du Sud – Toulon Saint Raphael) va passer le long de la rivière, des industries comme celle de Messieurs Castel et Chabre vont venir s’installer en plus de celle de la famille Turco (staff et stuc) déjà installée depuis 1870 dans le quartier.

Le domaine du Château Aguillon s’étendant de l’avenue de la Résistance à l’ouest à la rue Augustin Thierry à l’Est et de la rue Michel Audéoud au Sud à la rue Colonel Moll au Nord restera tel quel avec son portail d’entrée donnant sur cette magnifique allée de platanes (actuellement au N°43 de l’avenue de la Résistance, entrée de l’immeuble l’Aguillon).

Petite anecdote historique, en 1944, le Château Aguillon fut réquisitionné par la Défense Passive et hébergea les infirmières de la Croix Rouge, leurs cinq ambulances ainsi qu’un imposant stock de masques à gaz.

Ce quartier prendra le nom de cette ancienne famille toulonnaise et ce n’est qu’en 1959 que par arrêté municipale les dernières rues importantes comme Saint Exupéry, Bd des Allobroges, Michel Audéoud seront officialisées.

En 1962, le reste du domaine sera démoli, le Château céda la place à l’immeuble le Floride, le plan d’eau à l’aire de stationnement devant l’immeuble et la voie ferrée cessa toute activité en 1948 laissant peu à peu la place à notre belle piste cyclable.

Remerciements à Monsieur LADRET (Historien au musée du vieux Toulon) pour cet écrit sur l’origine de notre quartier.